Le grand Bolloré et la petite commission
Vincent Bolloré était convoqué mercredi devant une commission d’enquête dont le président Quentin Bataillon (Renaissance) et surtout le rapporteur Aurélien Saintoul (LFI) ont fait preuve de toute la morgue et de toute la petitesse que l’antiparlementarisme aurait eu du mal à aussi bien caricaturer.
Cette commission fut clairement contre-productive, car elle a donné à l’opinion publique une très bonne image de Vincent Bolloré, jusque là inconnu ou méconnu, un personnage intéressant, droit, intelligent et captivant, répondant aux attaques et aux fourberies avec la précision et le détachement de celui qui maîtrise sa vie, ses idées et ses humeurs. Et face à cet homme, la commission a donné une image exécrable des députés : prétentieux, hautains, avachis, scotchés à leurs téléphones, incapables d’être attentifs plus de 5mn d’affilée.
Cet étalage de médiocrité crasse face à Vincent Bolloré fut la parfaite illustration de ce qui ne va pas dans notre pays : un homme qui fait, qui entreprend et qui emploie, est soumis à la question par un Etat obsédé par le contrôle des citoyens et de leurs opinions.
Il faut le reconnaître, les députés du Rassemblement national n’ont pas suivi la ligne accusatrice et agressive de leurs collègues et l’un d’entre eux, le député Laurent Jacobelli, a même dénoncé le parti-pris et le militantisme du rapporteur Aurélien Saintoul, ce qui fut un moment rafraîchissant dans cette parodie de procès soviétique que fut l’audition de Vincent Bolloré.
Cette séquence, la mise en accusation de CNEWS par les parlementaires, au prétexte que cette chaîne ne serait pas assez de gauche contrairement à l’écrasante majorité des médias, me rappelle une anecdote de fac : dans un jury d’épreuve économique exclusivement composé depuis des années de professeurs marxistes, la nomination d’un juré réputé « libéral » fut l’objet d’un scandale alors qu’il s’agissait… d’une seule personne sur toute une assemblée ! Voilà un bel exemple de la dérive tyrannique d’une République qui se prétend championne de tolérance, de démocratie, de diversité et d’universalisme…