Béni soit le saint masque
En sortant de mon Lidl préféré, je peux enfin ôter mon masque anti-peur-du-covid. Je me passe la main sur le visage, je penche légèrement la tête en arrière et je prends une grande bouffée d’air frais. Une légère brise passe sur mon visage et le soleil m’oblige à fermer les yeux, ce qui rend le tout encore plus agréable. Lorsque j’ouvre les yeux en enfonçant ce dérisoire morceau de tissu à élastiques au fond de ma poche tout en me dirigeant vers ma voiture afin d’y déposer mes quelques achats, j’ai cette révélation : béni soit le saint masque qui nous rappelle qu’on aime la liberté, le vent, le soleil et tout ce qui fait de nous des hommes avant d’être des hypocondriaques fanatiques. Béni soit le saint masque qui, en nous rendant désagréable la fréquentation des magasins, nous rappelle qu’on peut faire les courses une fois pour huit jours et être tranquilles pendant ce temps. Béni soit le saint masque dont la détestation nous recentre sur tout ce qui nous sépare de ce monde pourri de la galerie commerciale et de l’information continue.
L’effet salutaire de l’obligation du gilet jaune était que les Français en avaient fait l’uniforme d’une armée qui avait provoqué une telle trouille que pendant plusieurs semaines, le président de la république n’osait plus passer ses samedis en France. L’effet salutaire de l’obligation du masque sera peut-être l’occasion pour les Français d’effectuer quelque chose d’encore plus radical que les gilets jaunes : entrer en sécession d’avec les endroits où le masque est imposé, entrer en sécession d’avec les médias qui ne nous aiment que muselés, bref, se passer de nos vrais virus : la société marchande et les journalistes parisiens.